Le vertige du Constructeur
Il est toujours hasardeux de comparer acteurs et mises en scènes . Mais puisque nous avions vus "un" Solness il n'y a pas si longtemps on a quand même le droit de dire que si on a aimé le spectacle de Hans Peter Cloos au théâtre Hébertot, on a adoré celui de Françon à la Colline.
Il m'a semblé juste du début à la fin et jusqu'au bout des personnages. Et lorsque je vous disais que l'on n'en finit pas de découvrir des interprétations de texte ou des personnages, il m'est apparu qu'enfin Solness acceptait de "payer" sa faute : avoir bâti sa fortune sur des cendres, celle de la maison de famille de sa femme, qui a provoqué par conséquences la mort de ses enfants. Il accepte de vieillir, voire de mourir, pour rejoindre son rêve réincarné par la jeune Hilde : s'élever dans les airs comme il a construit ses tours et ses clochers, dans un bel élan retrouvé, grâce au souvenir de jeunesse d'avant le drame, se donner les ailes qui venaient à lui manquer, qu'importe s'il est tombé puisqu'au moins quelqu'un a cru en lui...
Et puis quelle belle interprétation que celle de la jeune Adeline d'Hermy, une des dernières recrues de la Comédie Française. Elle emporte tous les coeurs et les suffrages. Mais ils ne faut pas oublier Yordanoff, Solness tour à tour dur et cynique, ému puis brisé. Et même Dominique Valadié, sa femme, survivante bien qu'éteinte. Tous sont exceptionnels . Ils ont la chance d'évoluer dans un joli décor en demi-teinte parfait pour ce drame.
Enfin une très bonne soirée !
Jusqu'au 25 avril à la Colline.