Les Trois Soeurs
Dernier choix dans cette saison de la Comédie Française :
Les Trois Soeurs de Tchékov
Mise en scène Alain Françon
Avec : Michel Robin, Eric Ruf, Bruno Raffaelli, Florence Viala, Coraly Zahonero, Laurent Stocker, Guillaume Galienne, Michel Vuillermoz, Elsa Lepoivre, Stéphane Varupenne, Adrien Gamba-Gontard, Gilles David, Georgia Scalliet, Hélène Surgère et les élèves.
Thème : Trois soeurs vivent ensemble dans une petite ville de garnison au fond de la campagne russe, rêvant de retourner à Moscou où elles sont nées.Elles s'appellent Olga, Macha et Irina. La première est enseignante, la seconde a été mariée à dix-huit ans à un professeur un peu ennuyeux mais qui l'aime et qu'elle n'aime pas. La dernière fête ses vingt ans. Elles ont aussi un frère, Prozorov, qu'elles pensent promis à un bel avenir.Leur présent est si peu exaltant,égayé seulement par les visites des militaires qui viennent prendre le thé qu'elles vivent essentiellement dans le passé ou dans un futur idéalisé si fragile. Quatre ans plus tard, la réalité du présent s'impose...
OLGA : - Oh ,mes soeurs, mes chéries, notre vie n’est pas encore terminée. Vivons ! (ACTE IV)
Photos Christophe Raynaud De Lage
Mon avis : De toutes les pièces de Tchékhov, c'est ma préférée. Une quintessence de l'âme russe. Légèreté, exaltation, larmes, hésitation,résignation, tragédie, fatalisme. "Pas d'importance" répètent tour à tour les acteurs de ce drame, qui vont faire face par lassitude ou avec courage à leur destinée.
Mise en scène extrêmement classique et pour qui adore se replonger dans l'ambiance exacte du lieu et du moment, c'est magnifique. Françon s'est d'ailleurs appuyé sur la mise en scène originelle de Stanislavski qui avait annoté chaque scène lors de la création. Les décors sont superbes et j'ai particulièrement été sensible aux jeux de lumière qui soulignent l'atmosphère et accompagnent les événements : Nous passons du salon au mois de mai, inondé de soleil, empli d'invités en un jour de fête, à celui d'hiver, sombre et dépouillé, où l'épouse du frère prend possession des lieux et réclame économie de lumière et silence et chasse donc invités, musique et masques. Notons au passage les vêtements de couleur criarde qui distinguent Natalia, cette belle-soeur sotte et vulgaire, de cette compagnie élevée... Puis ce sera le dépouillement et le repliement dans une seule chambre qui ressemble à un grenier après l'incendie d'une partie de la ville et enfin, les dernières scènes se passent au jardin, hors de la maison, dans un décor froid et gris. C'est l'heure des départs, des renoncements. La mort passe...
C'était une très bonne soirée avec un public conquis. J'ai particulièrement aimé Vuillermoz (Verchinine)à la verve si naturelle et Florence Viala (Olga) si sobre et émouvante. J'ai surtout admiré Elsa Lepoivre (Macha) qui campe une jeune femme ardente, amoureuse, volontaire. Georgia Scalliet (Irina) touche souvent dans ses enthousiasmes et sa volonté de survivre; je lui reproche seulement de n'être pas toujours audible ainsi que Guillaume Galienne(Prozorov) qui campe le frère trop vite dépassé, s'enfonçant dans le jeu et les regrets.
Du 22 mai au 16 juillet 2010. Salle Richelieu.
En matinée à 14 h et en soirée à 20h30.
Durée du spectacle : 2h55 avec entracte.