Je ne vous ai pas tout dit...
Je vis avec un assassin !
Mon chat est un grand chasseur. Bon, maintenant un chasseur sur le retour mais un chasseur quand même. Occasionnellement disons ! Je croyais donc être dispensée des appels de la gardienne :
- Madame Lakévio, regardez-donc ce que votre chat a encore fait.
Et de me montrer un gros tas de plumes ensanglantées avec bec, pattes et tout et tout, bien dégueu, bien répugnant. Un pauvre pigeon qui passait là... A l'époque, Mousse le Chat ne craignait pas les grosses proies ! Grosses parce qu'à Paris il y a des p*** de c*** de m*** qui nourrissent ces tombeurs de fientes sur mises en plis !...
- Faudra m'nettoyer ça, quand même !
Parfois, j'avais l'offrande d'un petit cadeau : la souris qui courait partout dans le salon ou le moineau qui, mort de chez mort, après les compliments et remerciements d'usage à Mousse le chasseur, se retrouvait à la poubelle...
Mousse le chat
Et ce matin, mon Mousse se frotte contre mes jambes alors que je les avais posées sous le bureau et que mes mains et mes yeux étaient occupés à l'ordinateur et s'adresse à moi. Heureusement que je parle chat couramment. Normal pour une ex-orthophoniste ; j'ai déchiffré sabir plus difficile !
-Regarde ! Mais regarde!... Bon, tu regardes quand même ! Je t'ai apporté quelque chose. Tu vas voir que je ne suis pas si vieux que ça et que même avec quelques dents en moins, j'ai toujours mes griffes et j'assure encore ! Alors, tu regardes, ou quoi ?!...
Et là, je sens qu'il y a quelque chose qui bouge à mes pieds... Un moineau de belle taille volète sous le bureau et à chaque coup d'aile Mousse pose la patte dessus...
- Halte là, mon petit bonhomme, c'est pour la Maîtrresse !...
Oh, my God ! Faut pas vexer le chat mais on va essayer de sauver le zozio...
- Oh Mousse, comme c'est gentil ! Bravo, tu es fort. (Bon qu'est-ce que je lui dis encore ?...)
Pendant ce temps Zozio tente l'esquivade. Il n'est pas bien fricot comme on dit dans ma lointaine contrée d'enfance. Il essaie de se faufiler à l'abri entre une pile de livres et des caisses en plastique - ben oui, chez moi c'est pas top classe le rangement ! - et d'un essor inespéré se retrouve... dans mon sac à main que j'ai large et ouvert à côté de mon bureau... Mousse ne l'a pas vu. Je m'extirpe aussi vite que je le peux pour aller chercher les gants de cuisine pour récupérer le zozio mais lorsque je reviens, usant ses faibles forces - ou tiré de là par le flair de mon chat, pardon Mousse, non je n'ai pas dit que tu étais idiot, ni gaga, non non pas cacochyme non plus - Zozio s'est retiré derrière un meuble et je m'imagine déjà dans une heure finissant d'enlever livres et documents pour le déplacer... je n'ai qu'une solution, ôter les cartons qui gênent le passage de Mousse... Pardon Zozio ! Et en effet, le chat se faufile et me ramène Zozio l'oeil fixe mais le bec qui claque encore.
- Mais qu'est-ce que j'ai fait au Très-Haut pour vivre des situations pareilles ?... Parce que je n'ai pas beaucoup de choix : abréger les souffrances de l'emplumé ou laisser Mousse terminer le travail ou...
Je n'ai pas beaucoup de courage... Je prends l'oiseau et suivie de Mousse, je le dépose dans la cour et je retourne à mes occupations. Je n'ai pas encore revu le chasseur mais je peux vous dire que Zozio n'est plus là où je l'ai laissé. Optimiste je me dis que l'oiseau en aura peut-être réchappé...