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En bateau, Lakevio !
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11 mars 2019

Conte du lundi 142

 

Fanny Nushka Moreaux contemporary French artist

 

Ce que j'ai vu en premier, c'est l'allure phénoménale de cette jeune femme. Elle se déplaçait comme une reine, semblant glisser sur le sol, la tête haute, les yeux droits devant elle. Enveloppée d'un grand manteau bleu qui lui faisait comme une traîne, elle paraissait flotter dans la soie tant ses jambes étaient interminables. Sa jupe courte était en partie dissimulée par un grand sac rouge qu'elle tenait d'une main. A son poignet était noué un foulard vert en guise de bracelet. Dans l'autre main, elle avait le gobelet de café qu'elle venait sans doute d'acheter au camion du matin au coin de la rue ; je reconnaissais le carton bleu du Délice Coffee. Elle était impressionnante et irréelle. Elle allait majestueusement et lentement comme au ralenti. Les passants ne semblaient pas la voir, mais à New York personne ne remarque pesonne, et elle paraissait avoir toute la place pour elle. Elle se dirigeait dans ma direction, à pas lents donc et j'attendais... Je m'étais arrêté pour mieux la contempler. La grâce de l'allure, le mouvement de ses longues jambes fines, ses genoux si harmonieux et le mouvement de l'ample manteau comme un nuage de soie derrière elle. J'étais subjugué ; on aurait dit un ange des temps modernes. 

Entre nous, il y avait la foule grise. Le temps s'était arrêté. Je n'entendais plus les conversations, ni les sirènes hurlantes des pompiers ou des ambulances. Il n'y avait qu'un flou très sombre, strié épisodiquement de rouge ou de jaune et sa lumineuse beauté qui venait à moi. J'avais toujours le regard fixé sur elle mais c'était comme si elle n'avançait pas. J'avais même de plus en plus de mal à apercevoir sa silhouette car la foule se faisait plus dense. Je me sentis soudain oppressé, très angoissé. J'avais mal dans la poitrine et un violent mal de tête brouilla mes yeux. Une nausée m'envahit mais alors que je me penchai pour vomir, je tombai comme un pantin sur le trottoir, inconscient.

J'ai senti qu'on me portait. J'entendais de très loin : "restez avec nous !" "ouvrez vos yeux !" "ouvrez vos yeux !". Avec un effort, je les ouvris. Tout ce que je vis c'est un poignet avec un foulard vert qui dépassait d'un manteau bleu. J'avais froid. Je fis un effort pour voir le visage de l'ange mais je sombrai à nouveau.

A mon réveil à l'hôpital, tandis que ma femme en larmes me serrait dans ses bras, je remarquai à mon chevet, un gobelet de carton bleu posé sur la tablette. Celui du Delice Coffee. Janet ne boit jamais de café...

 

© Lakévio

 

 

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Commentaires
V
Impressionnante vision, à en perdre pied ! Elle fait tourner la tête chez moi aussi :http://veroreve.canalblog.com/archives/2019/03/17/37183720.html
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C
J'ai été emportée par la lecture de ton texte ! superbe écrit ! bises
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L
La sœur de Fernand, chez Délia :<br /> <br /> <br /> <br /> https://deshirondellesetdespapillons.blogspot.com/2019/03/silhouette.html
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G
Réalité ou une création de l'esprit ? L'hôpital et madame semblent hélas plus réel que cette apparition !<br /> <br /> <br /> <br /> Si je comprends bien, à partir d'un de vis tableaux, il faut ecrire une nouvelle ?
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A
une apparition inquiétante
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