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12 mars 2018

Conte du lundi 99

 

harold harvey 13

 

- Elle est extrêmement douée, cette petite. Et elle a bon goût...  Sans me vanter, elle a de qui tenir ! Elle a su tirer parti des magazines consultés et elle a créé un modèle ravissant. Pourtant, il y a peu, je ne lui aurai pas donné tant de talent ! Je connais ma fille !  C'est l'amour sans doute qui lui donne des ailes. 

- On ne m'a rien donné à regarder à moi !... Je suis quantité négligeable. Pas son mot à dire, la petite. Qu'elle reste à sa place, suce son bonbon ou aille jouer avec ses poupées ! Comme si je jouais encore aux poupées ! Moi, je sais qu'elle est douée, Amélie, et qu'elle est heureuse et pourtant elle frissonne de peur derrière Mère. Je comprends ! Même moi, je préfère être à la pension... 

- Elle en met du temps à regarder. Elle pourrait me dire ! Elle ne prend jamais de gants avec nous, pourtant. Sur rien ! Elle a toujours un avis tranché et définitif. En fait, j'aurais dû carrément lui imposer et non pas proposer. Elle est capable de sortir un crayon et retoucher ! Il fallait que j'ose dire "voilà ce que je veux" ! Exactement comme ça, sans retouches ! Si elle ne veut pas, alors tant pis , j'irai voir Tante Rosine !

- Ce n'est vraiment pas mal. Les manchettes festonnées, assorties au col, avec leurs six boutons qui seront de nacre, cela relèvera un peu le tissu, même si on choisit du crêpe... Non, le crêpe serait un peu lourd sur elle et trop chaud. Quelque chose de plus vaporeux, un voile doublé de soie, ce serait bien. Est-ce que les manches gigot ne sont pas un peu démodées ?... L'encolure châle est élégante ; il faudra plus de boutons sur le buste et rehausser la ceinture pour souligner sa taille de jeune fille...

- Et bien, quel silence ! Amélie doit piaffer ! Si elle voyait l'air de notre mère. Plus ça va, plus elle serre les lèvres... Ce n'est pas très bon signe. J'ai hâte moi aussi de l'entendre... Mais je ne voudrais pas qu'Amélie pleure ; elle avait l'air si heureuse au déjeuner. Et Mère qui la fait attendre jusqu'à la dernière miette du dessert pour accepter de regarder ce qu'elle a apporté...

- Ce qu'elle est crispante de me faire languir ainsi ! Elle n'est jamais spontanée ! Elle pourrait l'être dans la critique comme dans le compliment mais non, elle attend, comme si elle choisissait les mots. Les plus blessants dans un cas mais les moins... flatteurs, dans l'autre ! Rien n'est jamais parfait ! Bien sûr, je ne prétends pas être créatrice et la connaissant je lui laisse le choix du tissu... et même des manches, parce que je ne suis pas vraiment sûre. Il faut que j'attende son commentaire parce qu'elle serait trop contente que je demande...

- Oh, la petite pression sur mon épaule. Elle n'a pas dû s'en rendre compte mais voilà qui montre son impatience à connaître mon verdict ! Il ne faut pas, petite demoiselle que vous soyiez trop enthousiaste. Montrez-vous sereine, hautaine, intouchable... Vous devrez l'être dans le monde. On ne peut pas non plus complimenter une jeune fille, ce n'est pas bon pour la place qu'elle aura dans la société. Celle-ci, de fille, est un peu trop romantique, quêtant l'approbation. Jean la couve trop ! Je devine Annette bouillante elle aussi mais elle se maîtrise davantage. J'apprécie son petit visage détaché... Mais je ne suis pas dupe. Elle est un peu fourbe ; elle ira loin...

- Bien sûr, je fais celle qui n'est pas intéressée. Je sais prendre mes distances, rester froide. Mère pense, de toutes façons, que je suis encore une enfant. Je l'aurais mon mot à dire mais ce sera lorsque je serai seule avec Amélie, pour la consoler ou l'encourager et la féliciter ! Amélie est tellement faible sous les griffes de Mère... Je sais bien, moi, qu'elle dira oui à tout ce qu'elle proposera.

- "Cependant"... Je sais que viendra le "cependant" pour m'égratigner, me rabaisser. Je connais sa manière de procéder. Et après le "cependant", il ne restera rien de ma proposition, de mon croquis, de ma joie. Je n'aurais pas dû lui montrer et aller chez Tante Rosine directement. Je suis cruche, mais cruche ! ... Je crois que je vais taper du pied devant ma sottise. J'ai tant voulu y croire, pourtant.

- Mais c'est qu'on trépignerait presque ! Pauvre Amélie, ce sera une femme qui "a ses nerfs" !... Allez, je vais la délivrer. On ne va pas gâcher ce moment par des cris et des larmes... 

C'est une bonne esquisse, ma chérie. Je serai ravie de coudre la robe de mariée de tes rêves. Cependant...

 

© Lakévio

 

 

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Commentaires
E
je ne l'aime pas cette mère , quelle façon d'analyser ses filles et de décevoir la future mariée!!!!!!
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C
Quelle méchante mère castratrice ! on sent son plaisir à faire mal à ses filles ...... je crois bien qu' Amélie devrait filer vite fait chez Tante Rosine avant que les dégâts soient trop importants.<br /> <br /> Superbe étude de caractères ! Bises
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F
on peut dire qu'elle la connait bien ... j'aime le ' Cependant ... '
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B
J'espère pouvoir participer la semaine prochaine, car je présume que pour la 100e, tu vas nous concocter du "solide"...
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L
Monsieur D., chez Colombine :<br /> <br /> <br /> <br /> http://demainestunautrejour.eklablog.com/les-amies-a138676982
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