Epiphanie
Oui, je suis encore là !
Il y a parfois des choses qu'on a irrémédiablement envie de partager... Aujourd'hui, c'est l'épiphanie d'un peintre...
Cette épiphanie-là n'est pas la fête des Rois. Elle veut souligner l'autre sens du mot : une prise de conscience soudaine et lumineuse de quelque chose.
Je vous invite à suivre mon chemin. Comme souvent, lors de mes visites sur le Net (vous voyez bien que j'y passe trop de temps !), j'ai remarqué un tableau dont le cadrage et la posture m'attiraient.
J'étais émue par le regard profond et sombre de cette petite fille et la proximité touchante d'avec la seconde.. Il y a quelque chose de résigné et désespéré sur ce visage.
Il s'agit d'une oeuvre de Nick Kosciuk,
peintre contemporain américain, né en 1964.
Voici d'autres oeuvres
Avec les regards, on remarque les gestes, les mains vides, la quête, le lien... On a envie d'en savoir plus sur l'artiste, n'est-ce pas ?
De ce que j'ai appris, les parents du peintre sont tous deux originaires de Biélorussie. Ils ont émigré en 1950 et se sont installés dans le New jersey. En 2001, ils ont invité leur fils à se joindre à eux pour un voyage sur les traces de leurs ancêtres. C'est ainsi que le peintre a appris que son grand-père avait été envoyé sur le front russe durant la seconde guerre et avait refusé d'aller se battre parce qu'il trouvait Staline pire que Hitler. Ils avaient dû fuir, poursuivis par les soldats russes avant d'obtenir le statut de réfugiés politiques et être transportés dans des camps de travail allemand...
L'épiphanie de Nick Kosciuk eut lieu à la fin de ce premier voyage, lorsqu'une amie l'invita à rendre visite à ses élèves dans un orphelinat de Rudensk. Il a vraiment été ému par ces enfants solitaires, apeurés, et surtout "avides d'amour et d'attention" et il fut désespéré de constater que personne ne se précipitait pour leur donner ce qu'ils réclamaient. C'est ainsi qu'il décida de les peindre. Mais lorsqu'il venait quelques heures, il trouvait toujours que l'orphelinat était austère et déprimant. "À ce moment-là, j'ai pris la décision de revenir pour le reste de ma vie.", dit-il. Depuis, il réside très souvent en Biélorussie et poursuit son oeuvre pour parler de ces enfants oubliés au monde et participer à l'amélioration de leurs conditions de vie.
Un très bel article sur Nick Kosciuk et son travail est à lire ICI