Le Carrosse de Miette
Pour rentrer de l'école, Miette roulait en carosse...
Miette, cette petite chose maigre et, croyait-on, fragile, avait la réputation d'être fatigable. Elle débordait en réalité d'énergie, physique autant que mentale, mais comme elle aimait qu'on s'occupe d'elle, elle appréciait le confort ainsi obtenu.
Confort tout relatif puisque son carrosse se trouvait être une remorque attelée à un vélo et le cocher pédaleur en était le grand-père de son amie et voisine Pascaline.
Donc, aux beaux jours de sa première année d'école, le carosse attendait la sortie des classes pour ramener plus rapidement les fillettes à la maison à l'heure du déjeuner. Pascaline et Miette étaient soulevées à tour de rôle par le grand-père pour monter dans la remorque où elles s'asseyaient joyeusement. On s'accrochait aux rebords, les jambes étendues, en face l'une de l'autre. Le grand-père remontait en selle et en route ! Le vélo était suffisamment rapide pour que les petites filles, les cheveux au vent, se penchent exagérément dans les virages et rient éperdument. Le trajet ne durait jamais assez longtemps pour Miette qui voyait trop vite arriver son portail. Là, il fallait descendre, emportée par le grand-père.
- Oh, déjà !
Et, lorsque Monsieur L., cocher du bien modeste carrosse, avait disparu sur la route, elle ajoutait discrètement à sa mère qui l'attendait sur le perron,
- Elle en a de la chance, Pascaline ! Elle reste plus longtemps que moi dans la carriole !
© Lakévio
Cecilia Beaux- Cynthia Sherwood - 1892