Conte du lundi 138
Bien chère cousine,
Vos yeux sont un lac clair un jour de printemps. Votre teint si pâle est comparable à un tableau de Gainsborrow ; c'est ce qui m'est venu à l'esprit lorsque je vous ai vue dans votre robe bleue... Votre bouche vermeille aux lèvres tremblantes m'émeut lorsque vous lisez à voix haute au salon. Et j'aime lorsque vous agrippez mon bras pour la promenade. Ne vous effarrouchez pas, cousine, mais je crois que je suis terriblement amoureux. J'aime votre grâce encore enfantine et vos conversations à bâtons rompus. Vous êtes à la fois simple et directe et pleine de la retenue qui sied à vos jeunes années. Et pourtant vous semblez croquer la vie comme la prune cueillie sur l'arbre. Vous êtes lumineuse, intelligente et charmante.
Aimée, douce aimée, je sais que j'ose beaucoup, mais j'avoue vous chérir tendrement depuis votre retour. Mon coeur ne bat que pour vous et j'espère effrontément que le pauvre cousin Paul ne vous est pas indifférent et que vous apprécierez qu'il vous fasse la cour. Evidemment, cela sera en tout bien, tout honneur, avec l'accord de vos parents. Je crois qu'ils n'en prendront pas ombrage, ma chère Sybille, puisqu'on m'a déjà agréé auprès de votre soeur Sarah que j'instruis aussitôt de la rupture de nos fiançailles.
Tendrement, tout à vous.
Paul.
© Lakévio