La vérité-vraie 41
- Alors, qu'est-ce que tu en penses ?... Dire que je déteste les colliers ! En plus, ces grosses perles enfantines, si froides ! Cest trop visible et ça me serre le cou ! Si tu veux, je te le donne. Ne fais pas cette moue, Yvonne. Ce n'est pas comme si je l'avais reçu en cadeau ! C'est juste un héritage...
- Evangéline, tu exagères. D'abord, il te va très bien, même si tu n'aimes pas le jaune. Et puis, c'est à toi que cousine Germaine a voulu laisser le collier parce que tu étais sa filleule. Même si tu ne l'as pas vue beaucoup, c'est difficile de refuser son legs, quand même. Surtout quand il vient de si loin !...
- Oui, mais j'aurais préféré qu'elle m'invite au Japon quand elle était vivante ! Oh, pourquoi ne m'a-t-elle pas laissé ses boucles en émeraude dont maman parlait tout le temps et qui ont été attribuées à Dominique...
- Sans doute ce collier a-t-il une valeur particulière... au moins à ses yeux ! Il a l'air ancien. Plus ancien que cousine Germaine !
Tu devrais peut-être le faire expertiser chez un orfèvre ou un antiquaire spécialisé...
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- Mademoiselle, ce collier d'ambre jaune et de lapis-lazuli que vous m'avez laissé pour expertise, puis-je vous poser des questions à son sujet ? Vous avez dit l'avoir reçu en héritage, puis-je savoir qui est le donateur ?...
- Mademoiselle Germaine Lescandoix, ma marraine.
- Voulez-vous vous asseoir, je vais vous montrer quelque chose...
Ce catalogue de 1883 montre des bijoux rapportés d'Egypte près d'un siècle plus tôt par Napoléon. Ces bijoux datent de l'époque byzantine. Regardez ce collier... Voici une version colorisée... et voici une photographie plus récente, datant de 1948, lors d'une exposition à Lyon... Ce collier a disparu lors de son retour... Et je crois bien que nous venons de le retrouver !...
- Je ne comprends pas. Le mien ne peut être qu'une copie ! Qu'est-ce que ma marraine ...
- Le conservateur lyonnais de l'époque était Monsieur Henri Pourcheur. Il a été soupçonné parmi d'autres intermédiaires de cette disparition mais on n'a rien pu prouver. Les autorités d'alors ont juste remarqué que sa maîtresse avait pris le large. Elle était partie s'installer au Japon. Oui, au Japon. Et elle s'appelait...
- Germaine Lescandoix !
- C'est cela. Ne vous inquiétez pas ; il ne peut y avoir de poursuites à votre égard. Mais nous sommes obligés de conserver cette oeuvre antique et de la rendre au musée du Louvre. En échange, j'ai personnellement demandé qu'on vous remette la copie du musée, sans valeur autre que celle des pierres, pour votre bonne foi. Et... nous achèterons votre silence sur cette transaction avec une signature et un petit dédommagement.
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- Quelle histoire, Evangéline ! Quelle affaire ! Finalement, tu as eu un legs intéressant : une marraine-aventurière, un beau collier d'ambre et lapis qui, même s'il n'est pas antique, a quand même été exposé au Louvre ! sans oublier le petit pactole... Tout ça, c'est cadeau !
© Lakévio