Anselm Kiefer
au Centre Pompidou.
« Je suis peintre et sculpteur. […] Je n’ai foi que dans l’art et, sans lui, je suis perdu. Seuls les poèmes ont une réalité. » (Anselm Kiefer, in L’art survivra à ses ruines – leçons inaugurales au Collège de France – ed. Collège de France/Fayard)
Anselm Kiefer est né en mars 1945, en Allemagne, parmi les désastres de la guerre qui vont l'imprégner fortement. Fier de l'Histoire de son pays, il n'en renie aucune page, des plus belles aux plus désastreuses et réclame le devoir de mémoire.
Sa peinture est singulière, gigantesque, massive, épaisse, en laissant les écorchures du temps. Au premier abord, les toiles sont ternes et grises ; il faut laisser venir la couleur qui se révèle en s'imprégnant du tableau. C'est une expression forte, puissante, évocatrice, qui ne laisse pas indifférent. Aux matériaux habituels de la peinture, il adjoint de la glaise, du plâtre, des végétaux (paille, tournesols, pavots et fougères), de la cendre, des métaux comme le fer et surtout le plomb, qu’il utilise depuis le milieu des années 1970. Les paysages urbains contemporains en déréliction où s’enchevêtrent blocs de béton et ferrailles tordues ont fait fonction de catharsis d’un trauma originel lié à sa naissance en fin de guerre, et engendré la mise en œuvre d’une esthétique de la ruine.
Extrait du dossier de Presse du Centre Pompidou :
"Déployée sur 2000 m2, l’exposition réunit près de cent cinquante œuvres dont une soixantaine de peintures choisies parmi les toiles les plus emblématiques d’Anselm Kiefer : tableaux « charnières » des diverses problématiques à l’œuvre : la question de l’histoire allemande, la réactivation de la mémoire, la dialectique de la destruction et de la création, le deuil de la culture yiddish. L’univers plastique d’Anselm Kiefer s’est ensuite ouvert à partir du début des années 1990 à d’autres systèmes de pensées telles que la kabbale venant enrichir et rediriger les questionnements fondamentaux de l’artiste.
Pour ce projet, l’artiste a produit au cours de l’année 2015, un ensemble d’une quarantaine de « vitrines » sur les thèmes de l’alchimie et de la Kabbale, pour lesquels il est allé puiser dans une « réserve de possibles », un arsenal d’objets en attente de rédemption. Sous verre, ces environnements mettent en jeu l’univers disloqué et saturnien d’un âge industriel révolu : vieilles machines, morceaux de ferrailles rouillées, plantes, photographies, dessins, bandes et objets de plomb ; loin des cabinets de curiosités, c’est le mystère de leur présence que l’artiste met en exergue, l’émission d’une lumière de mystère propre à l’alchimie..."
Anselm Kiefer, Maikäfer flieg! [Hanneton vole!], 1974
Pour moi, le plus impressionnant de l'exposition par la matière et l'évocation de la destruction et de la renaissance au sommet du tableau.Toute l’œuvre d’Anselm Kiefer est déjà présente dans cette toile. Elle annonce la quête d’un peintre qui ne cessera jamais d’être hanté par le chaos de la Seconde Guerre mondiale et le désastre commis par les armées nazies
Anselm Kiefer - Varus - 1976
Anselm Kiefer - Resurrexit - 1973
Anselm Kiefer - Wege der Weltweisheit Chemins de la sagesse du monde - 1976-77
Anselm Kiefer - Wege der Weltweisheit Chemins de la Sagesse du monde 2 - 1976-77
Kiefer - detail - Für Paul Celan Aschenblume (Pour Paul Celan (poète) Fleur de Cendre - 2006 -
huile emulsion acrylique shellac et livres brules sur toile
Anselm-Kiefer - Innenraum (Interieur) -1981
Anselm Kiefer - Sulamith - 1983
J'ai admiré là encore le travail sur la matière, les collages, grattages de la construction
Kiefer - Wege-markischer-sand- (foto-robert-bayer) 1980
Anselm Kiefer - Margarete
Mon troisième coup de coeur pour la composition de peinture, colle et paille !
Kiefer - Lilith - 1987-1990
huile, emulsion, shellac, fusain, cendre, argile, cheveux
Kiefer - Homme sous une pyramide - 1996
emulsion, acrylique, shellac, cendre sur toile
Anselm Kiefer - oh Halme ihr Halme oh Halme der nacht (oh epis vous epis oh epis de la nuit) - 2012
Anselm Kiefer - Boese Blumen (Les fleurs du mal)
Kiefer - Ende der Geschischte (l'une des nombreuses compositions en Vitrine)
Kiefer - de l'Allemagne - (Installation) 2015
Plantés dans un tas de sable, des champignons portent les noms de célèbres figures du mouvement artistique et disent combien les paradis artificiels étaient prisés des romantiques. Et pourtant, au milieu, un lit tout rouillé et sur lequel est inscrit le nom de « Ulrike Meinhoff », militante du groupe Fraction armée rouge, à l’origine de nombreux attentats en Allemagne dans les années 1960-1970 avec la bande à Baader. Même dans la célébration du pays, l’artiste glisse un détail qui fait mal, le fragment d’un souvenir douloureux (cf. Pointculture)