Une partie de pêche

Miette était à l'affût de toutes les nouveautés pendant son séjour à Pontgibaud.

Lorsque la grand-mère d'à côté lui ouvrit le vieux magasin vide qui jouxtait la maison ; elle n'en crut pas ses yeux. Deux grands comptoirs de bois avec d'immenses tiroirs de chaque côté et sur les murs des rayonnages poussiéreux où traînaient encore quelques rouleaux de vieux lainages. La vieille dame expliquait que cette boutique avait appartenu à son mari, qu'il y vendait autrefois des tissus pour des costumes d'homme et que c'était un fameux tailleur. Elle l'avait aidé à la couture.

Miette avait déjà avisé quelque chose qu'elle convoitait : des catalogues ! Cependant, elle fut déçue car ils ne contenaient que des échantillons de tissus. Pour faire plaisir à la voisine dont elle partageait l'arrière-cour, elle accepta l'offrande des cahiers d'échantillons.

- Tu sais, je ne te vois jamais dans la cour, elle n'est pas bien grande mais tu peux y jouer si tu veux. Et lorsque mon petit-fils viendra, je t'appellerai. Il est plus grand que toi, mais c'est un gentil garçon.

Donc, Miette guetta et guetta encore l'arrivée du "grand-garçon d'à côté" dans l'arrière-cour...

Un jour, enfin, elle l'aperçut, habillé en scout, qui venait d'arriver chez sa grand-mère. Il était vraiment grand et très blond sous son béret ; elle fit sa timide et se sauva... mais pas longtemps ! D'ailleurs, la dame parlait avec grand-mère et Miette fut présentée à François. Il ne fallut pas longtemps pour que la petite fille en fit son idole, son grand ami préféré ! Il lui prêtait des bandes dessinées, lui apprenait des chansons qu'ils chantaient à deux voix ou en canon, ils jouaient aux devinettes et... il allait jurqu'à l'emmener à la pêche en bord de Sioule !...

Ce n'est pas que Miette aimait beaucoup ça mais elle ne voulait pas quitter François d'une semelle ! Pourtant on ne lui aurait pas fait toucher un de ces asticots gluants qui grouillaient dans une boîte, ni même le poisson qui pendouillait au bout de la ligne au rythme régulier de la canne de François. Depuis qu'elle avait vu ces pauvres petites bêtes la bouche sanglante accrochée à l'hameçon, elle en était toute retournée.

François pêchait le vairon et à l'époque, c'était chose aisée et abondante. Aussi lorsque le garçon lui demanda de tenir la canne un instant tandis qu'il allait faire pipi derrière un bosquet, elle ne fut pas tranquille.

- Dépêche-toi ! Comment je fais, moi, si ça mord ?...

Ce qui devait arriver arriva. Ça tirait sur la ligne et même assez fort.

- François, François, viens vite ! Il y a un poisson ! J'ai attrapé un poisson...

- Remonte la ligne !

- Mais je sais pas faire ! Viens vite, s'il te plaît ! Vite !

- Lève la ligne et tourne le moulinet. Tu vas y arriver...

Quelques instants plus tard, François trouva Miette tout excitée, tenant des deux mains la canne à pêche, avec le petit poisson frétillant dans les airs...

- Mais il fallait le décrocher !

- Oh, non ! C'est dégoûtant ! Et j'ai peur de lui faire du mal !

Mais c'est très fière que Miette raconta plusieurs fois son aventure aux grands-parents et elle eut même le bonheur de déguster sa friture offerte par la grand-mère du grand garçon d'à côté.

© Lakévio

Comments

[ab]

On aurait presque pu croire que ça allait déboucher sur une histoire d'amour... elle est tellement belle.

[tanette2]

Une jolie histoire...est-ce que Miette a pris goût à la pêche depuis cette aventure ?

[MAMMILOU]

Ton histoire me rappelle la première fois que mon fils a pêché un poisson ! C'était en Norvège il avait 14 ans et lorsqu'il a vu le cabillaud d'au moins 1kg qui s'agitait au bout de sa ligne il ne savait plus quoi faire ! Heureusement que son papa est venu à son secours:-)!

[heure-bleue]

Miette et moi avons un point commun, je ne touche ni aux vers, ni au boisson mais je lis sous un arbre...

[Rose63]

Et pour d'autre c'est un loisir agréable en communion avec la nature , j'adore la petite friture :)

Jolie photo :)