Marier sa fille

La saison des mariages est commencée !...

Anne et Hubert se sont mariés samedi dernier.

Jeanne et Georges, mes grands-parents maternels, il y a beaucoup plus longtemps et ils ne sont évidemment plus là pour le raconter ! Nous conservons ce beau cliché du Jour de leurs Noces, jeune couple timide sous l'oeil du photographe...

Cette couverture de magazine m'a ramenée à eux.

J'ai raconté la rencontre et la demande (CLIC). J'ai dit aussi qu'elle avait été la première de la fratrie à quitter le foyer. Je ne sais si j'ai mentionné l'âge de Jeanne. Elle venait d'avoir vingt ans. Elle n'était pas majeure et son père devait donc donner son consentement lors des cérémonies.

Alors ...

Il devait se tenir ainsi, le père de la mariée. A la fois pénétré de son importance, conscient du poids de cet événement et gêné d'être sur le devant de la scène. Engoncé dans son paletot trop court que lui avait prêté... Monsieur le Comte, qui lui avait fait l'honneur de venir à la cérémonie religieuse avec son épouse. Il avait un peu tremblé en emmenant sa jeune fille auprès de son futur époux qu'il ne connaissait pas beaucoup encore. Ses chaussures craquaient ; heureusement le vacarme de l'orgue couvrait tout. Mais lui le savait et il en rougissait presque. C'est qu'il y avait des invités de marque, des gens haut placés dans la commune ; la famille du marié était imposante et il avait peur de faire un impair. Ce fut la main fraîche de sa fille, qui, elle, ne tremblait pas, qui le rassura.

Mais à présent, pourra-t-il dire devant l'assemblée qu'il consent ?... Finalement c'est d'un signe de la tête qu'il montrera qu'il approuve cette union. L'important, c'est qu'il ait signé l'acte.

Il a chaud et son col le serre. Vivement la fin de la bénédiction. Revenir auprès de sa femme qui, malgré son état de cuisinière, a une allure et un maintien aussi assuré que ces gens de la haute, lui rend un peu de son aplomb.

Sa fille aînée lui glisse tandis qu'il s'assoit :

- Père, vous avez été très bien.

Et son épouse consent à lui accorder un regard et à acquiescer d'une imitation de sourire...

Songeant qu'il lui faudrait encore affronter toutes ces personnes lors de la réception et du dîner, il chercha son mouchoir pour s'éponger, mais Mariette, son épouse, arrêta son geste en pressant son coude et lui fit les gros yeux. Il suivit alors mécaniquement le déroulé de la cérémonie. Le soulagement de voir sa fille sortir au bras de son époux lui fit essuyer une larme qu'on prit pour un attendrissement paternel.

Pour la suite, il décida de suivre les dames, sa femme et la mère de son gendre, de saluer et de serrer les mains autant de fois qu'on lui demanderait jusqu'à la table où il saurait être un convive gai car là, il savait ce qu'il fallait faire et il aimait à manger et à rire !

 © Lakevio

Comments

[colettemoi]

Que c'est merveilleusement raconté !

[bourlingueuse]

Comme je regrette que tu n'aies pas mis la photo du mariage de Jeanne et Georges ! Mais j'ai lu avec gourmandise le récit de cette journée

Gwen

[MAMMILOU]

Une bien jolie histoire racontée avec talent ! Il y aura 10 ans dans quelques jours que ma Fille aînée s'est mariée:-)!

[heure-bleue]

Tu sais que je te lisais comme je commence un roman, avec avidité...

[Rose]

Ta narration est captivante

De nos jours tout est surfait la plus part du temps

J'aimais le cachet d'antan :) la nostalgie de ce beau jour :)