Les Pans de Travassac
Un étonnant site à visiter en Corrèze.
Que sont ces pans ? Les restes colossaux d'un gisement d'ardoise exploité manuellement sur plusieurs siècles depuis le XVIIème.
Photo MadelnIci.fr
Il y avait une belle colline et parfois en émergeaient des filons de pierre sombre sur plus de deux kilomètres. Qui dit pierre dit bâtiment? Cependant le shiste ardoisier est difficile à tailler, parfois bloc, parfois friable. Par contre, il est extraordinairement imperméable ; son emploi est trouvé : protection des toits ! Evidemment les premières ardoises sont épaisses et les outils pour tailler rudimentaires. Les premiers utilisateurs créent donc les outils encore utilisés aujourd'hui : la petite enclume, le taillant et l'encocheur. La roche est creusée, le bloc est remonté à l'aide de cordes pour être découpé en fines lames à l'aide de marteau et de coins. Il y a énormément de déchets. (80%).
Le trou s'agrandit en largeur et en profondeur. Il est de plus en plus difficile de remonter les blocs.
De plus, la roche étant imperméable, l'eau de pluie s'accumule et il faut écoper... Et la hauteur des parois est impressionnante, 60 mètres émergeant mais 70 à 80 mètres sous l'eau !
Autre difficulté sur la largeur cette fois. Tout d'un coup, on se heurte à une roche plus dure encore, inexploitable, car le filon d'ardoise est traversé de quartzite. Donc... Il faut trouver où creuser à quelques mètres de là...
Les Pans de Travassac sont donc ces hautes parois entre deux carrières, de plus de 60 mètres de hauteur et de 300 mètres de long sur 2 mètres de large. En Corrèze, il y en a sept alignés les uns à côté des autres avec parfois des percées creusées au marteau pour permettre le passage des ardoisiers. Impressionnant !
Le début du XXème siècle vit l'apogée des sites ardoisiers, grâce aux nouvelles techniques et nouveaux outils
Grue pour remonter les blocs d'ardoise utilisée en 1900
La Guerre 1939-1945 annonça son déclin pour aller jusqu'à la fermeture de la Compagnie en 1974, puis celle de la dernière Coopérative en 1982. Il reste un seul chantier jusqu'en 1989, date à laquelle le renouveau d'intérêt pour ce matériau permet au propriétaire d'embaucher à nouveau quatre ouvriers.
De grandes commandes arrivent (les toits du Mont Saint-Michel, la Cathédrale de Rodez...) et relancent le travail aux carrières.
En parallèle, depuis 1997, les anciennes carrières se visitent d'avril à novembre.
Actuellement il y a trois ouvriers et un apprenti sur le chantier et ... on refuse des commandes ! L'ardoise est à nouveau à la mode. Outre les toits, on l'utilise pour les sols, terrasses, plateaux de table ou dessus de meuble et en objets utilitaires, plats, assiettes, ou décoratifs, cartes de France-horloge ou même pour des sculptures et des bijoux !
Jean-Louis Rouhaud, artiste, Travassac
Thierry Jaud, artiste