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24 juillet 2014

Histoire d'Hiver

 

Un hiver lointain, enneigé, dans la campagne de France.

Duncan Robert

Robert Duncan

 

C'est la guerre.

La famille de Miette s'est réfugiée à la campagne, aux Buissonnets. Miette est encore au chaud, dans les limbes ; Géraud, le grand-frère, n'a que quatre ans. Fine, pour ne pas avoir à faire le trajet tous les jours jusqu'à l'école dans cette immensité neigeuse, a été mise en pension dans le village de Tante Mélisse.

Géraud est un petit garçon volontaire et têtu qui s'ennuie formidablement sans sa soeur. Les parents qui parlent à voix basse, les voisins qui viennent écouter la radio clandestine, les gens de passage ou les réfugiés de plusieurs semaines et qui voudraient le gouverner, il en a assez ! Aussi saisit-il la première occasion pour se faufiler hors de la cour et rejoindre "les grands".

Les Grands, sont tous bien plus grands que lui, sept, huit, dix ans peut-être ! L'André, le Pierrot, les Jeannot, le Louis... Ils vont d'un bout à l'autre du village, fabriquent des véhicules à roulettes ou sur patins avec ce qui leur tombe sous la main, parlent fort, s'invectivent parfois et se lancent des défis. Toutes choses bien passionnantes pour l'enfant de la ville. Géraud les suit de toute la vitesse de ses petites jambes, parfois fort loin. Il est toléré car le gamin les amusent : il n'a peur de rien.

Ce jour-là, il fait très froid. Géraud a encore échappé à la vigilance de sa mère et a disparu au fond du village, à la suite de la troupe...

Le père a déjà fait plusieurs maisons, celles des Jeannot et celle d'André pour voir si son petit garçon ne s'est pas invité chez les voisins. Les enfants ne sont pas là. C'est alors qu'il voit quatre gamins débouler, hors d'haleine et passer devant lui. Il a juste le temps de demander :

- Géraud n'est pas avec vous ?

Le dernier s'arrête, c'est le Jeannot d'en haut.

- M'sieur, M'sieur, y'a le Jeantou du Moulin qui l'a pris !

La ferme du Jeantou n'est pas tout à côté mais en quatre enjambées le père y est. Dans la cour, un grand escogriffe tout en moustaches tient par la manche du manteau un petit bonhomme, tête nue, enveloppé d'une trop grande écharpe. Il le secoue et le menace d'une baguette. Terrorisé, Géraud pleure toutes les larmes de son corps. Il piétine son béret, ses mains sont glacées, ses chaussures trempées...

- Lâchez mon fils ! crie le père

- C'est qu'il a chapardé comme les autres !

- S'il a pris quelque chose, je vous le paierai mais vous allez le laisser tranquille. C'est un enfant de quatre ans ; il n'a pas pu faire grand mal.

- Ils ont voulu prendre mes pommes à la cave !

- Des pommes ! répète le père en soulevant les épaules. Et vous vous en prenez au plus petit.  C'est moi qui pourrais aller à la gendarmerie !...

Le Jeantou déclare forfait et rentre en grommelant dans sa ferme où les rideaux relevés par la maisonnée se baissent aussitôt. Le père a pris le garçon gelé et apeuré dans ses bras et tout en le sermonnant doucement, l'apaise et le ramène à la chaleur du foyer.

 

©  Lakévio

 

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Commentaires
R
oh mais quelle histoire ou la tendresse est absente hélas :)<br /> <br /> Je ne reçois pas ta news ??? <br /> <br /> Bisous
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H
Finalement, l'Homme n'a jamais été tendre pour les autres...
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L
Quand même, voler des pommes ! A quatre ans !<br /> <br /> Pauvre gosse.<br /> <br /> Merci Lakevio, tu viens de me rappeler un souvenir.
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M
Oh le pauvre petit quelle frayeur il a eu sans doute.
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