Léger...
et pourtant si intense ce souvenir de la beauté radieuse d'une jeune fille un jour d'été.
Vladimir Volegov
Il y avait pourtant les petits cousins, Berthold et Monna, pour gambader avec Miette, et le petit Renato, encore dans sa poussette, que poussait sa brune et jolie maman, Giannina. Il devait y avoir aussi les autres jeunes mamans, Rachel et Désirée, blouse blanche et jupe plissée; ce devait être jour de Fête, un jour endimanché avec volées de cloches et festin. De jeunes parents heureux, fiers de leur progéniture en culotte courte ou robe smockée. Des enfants encore trop petits pour jouer vraiment ensemble ou un peu fatigués de l'excitation des festivités ...
De toutes façons, Miette n'est pas partageuse et n'aime pas qu'on accapare sa grande soeur Fine comme cela ! Fine marche et discute avec Giannina et sourit à Renato. Il est beau, Renato, c'est vrai. A le voir sourire, on a envie de le croquer ! Il est encore trop petit pour marcher aussi longtemps ; il est donc promené comme un prince !
Pour se mettre à leur pas, Miette a glissé sa petite main dans celle de la grande soeur. Heureusement que c'est un lent pas de promenade ! Le chemin monte parmi les champs de blé. Miette regarde ses pieds chaussés de socquettes et sandales blanches s'aligner sur les espadrilles des dames. On grimpe une côte ; il fait chaud. Pas un souffle. La petite fille lâche la main pour se retourner et voir le reste de la famille gravir le côteau. Les jeunes femmes se sont arrêtées aussi. Le regard de Miette revient à sa soeur et l'image est là, intacte. Ce n'est pas un souvenir-photo, juste un éblouissement de petite fille :
En levant la tête, Miette voit Fine dans le soleil. Sa robe bleue aux anneaux blancs dansant autour de son corps svelte, ses bras dorés, son visage si fin et ses cheveux, aussi blonds que les blés qui les entourent, tout auréolés de lumière. Miette, en adoration, gardera cette image de grâce pure toute sa vie.
© Lakévio
Emile Vernon