Pluie d'automne
...épaisse, lancinante et glacée... Les rues désertes d'un dimanche à Paris qui ressemble à un dimanche en province. Les voitures fuient, les quais restent vides, les jardins pleurent. Les salles de cinémas et les théâtres déversent périodiquement des foules compactes sous les regards haineux de ceux qui attendent sous le parapluie du voisin qui dégouline. C'est une pluie interminable, intarissable... Elle emporte avec elle les dernières feuilles des arbres têtus qui refusaient de se laisser dépouiller. Il y a de la buée aux vitres des cafés et les manteaux exhalent de la vapeur lorsqu'on y pénètre. C'est la pluie de novembre, celle de l'entre-deux, entre l'automne et l'hiver... Une pluie qui ressemble aux larmes d' un chagrin lourd, comme une perte, un deuil, un souvenir...
Spleen : Pluviôse, irrité contre la ville entière
Pluviôse, irrité contre la ville entière,
De son urne à grands flots verse un froid ténébreux
Aux pâles habitants du voisin cimetière
Et la mortalité sur les faubourgs brumeux.
Mon chat sur le carreau cherchant une litière
Agite sans repos son corps maigre et galeux :
L'âme d'un vieux poète erre dans la gouttière
Avec la triste voix d'un fantôme frileux.
Le bourdon se lamente, et la buche enfumée
Accompagne en fausset la pendule enrhumée,
Cependant qu'en un jeu plein de sales parfums,
Héritage fatal d'une vieille hydropique,
Le beau valet de cœur et la dame de pique
Causent sinistrement de leurs amours défunt
Charles BAUDELAIRE (1821 - 1867)
Au Père Lachaise
Photo : Olivier Vancayzeele
Tombe au Père Lachaise
Tombe de Balzac
photos Olivier Vancayzeele
A mon père...