Virginia, notre soeur...
En ce jour dédié aux femmes...
Une chambre à soi
"Laissez-moi imaginer ce qui serait arrivé si Shakespeare avait eu une soeur merveilleusement douée, appelée, mettons, Judith."
Telle est la proposition qui sert de fil discret à la conférence que Virginia Woolf prononce en 1928 devant les étudiants de Cambridge, intitulée Les Femmes et le Roman.
De Virginia Woolf à Edith Scob, il y a le choix d’Anne-Marie Lazarini, codirectrice du Théâtre Artistic Athévains, de donner à l’écrivain féministe, cette silhouette vibrionnante que la comédienne s’applique à copier-coller sur l’intonation de chaque mot théâtralisé, selon le récit d’Une chambre à soi.
Photo Marion Duhamel
Dans un magnifique décor de bibliothèque, dû à François Cabanat, bordée à cour et jardin d’une tenture rouge théâtre, Edith Scob va en parcourir les rayonnages, consulter les ouvrages, s’asseoir auprès des bureaux en salle de lecture, s’efforçant du geste et du regard à figurer le descriptif de chaque situation évoquée par l’auteur.
C’est par l’humour qu’Edith rejoint Virginia, là où "Oxbridge" et "Fernham" se regardent en chiens de faïence, là où la nourriture universitaire, au propre comme au figuré, n’était pas, il y a encore quelques décennies, à parité des deux sexes.
Alors Virginia a beau jeu d’imaginer une sœur à Shakespeare, Edith fera la démonstration in situ que Judith n’aurait jamais pu, à l’époque et à talent égal, avoir la moindre chance d’accomplir l’œuvre littéraire de son frère virtuel.
C’est en effet dans l’indépendance matérielle, gage indispensable à la liberté de l’esprit, que se trouve le sésame de toute créativité.
C’est surtout en accédant aux mêmes excellences de la culture et de l’éducation qu’homme et femme peuvent se compléter au gré de leurs prédispositions naturelles.
Ainsi, en observant l’histoire des mœurs et de la littérature au travers d’un rétroviseur thématique "Les femmes et le Roman" à l’occasion de cette conférence , Virginia Woolf fut alors motivée à publier un an plus tard cet essai fondateur sur la création au féminin.
Commentaire de Theothea.com (extrait)
Une chambre à soi, de Virginia Woolf
Traduction : Clara Malraux (éditions Denoël)
Adaptation : Sylvianne Bernard-Gresh
Création Les Athévains
Mise en scène : Anne-Marie Lazarini
Avec Edith Scob
Décor et Lumières : François Cabanat
Costumes : Dominique Bourde
Théâtre Artistic Athévains * 45 bis, rue Richard Lenoir * 75011 Paris
Réservations : 01 43 56 38 32
FNAC, Virgin, Agences, Resathéâtre : 08 92 70 77 05 (0,34 €/min)
Reprise de 2 au 15 mars 2009 pour 15 représentations supplémentaires mardi 20h; mercredi, jeudi 19h; vendredi,samedi 20h30; samedi, dimanche 16h; et le lundi 2 mars à 20h30.
Durée : 1 h 15
30 €, 20 €, 10 €
Mon avis :
Superbe décor auquel nous avons été particulièrement sensible (on se demande pourquoi,... !!!). Par la fenêtre on aperçoit des dessins évoquant Londres à diverses saisons et suivant la lumière du jour. Mais le must est la voix de Virginia Woolf qu'on entend entre chaque séquence...
Edith Scob incarne parfaitement la romancière. Nervosité frêle, profondeur de la réflexion, recherche du mot le plus juste.