Stefan Zweig au théâtre
Stefan Zweig est l'écrivain du trouble intérieur, et 24 heures de la vie d'une femme sans doute son ode la plus intense à la confusion des sentiments. Mais le talent de l'auteur tient tellement à la rigueur et à la simplicité de sa plume qu'on se demande comment cette transposition vers la scène pourrait conserver toute la force du texte initial. C'est sans compter sur l'inspiration de Freddy Viau, metteur en scène, et sur le charisme de son actrice, Laure Meurisse.
Traversée par le texte et ses contradictions, la comédienne, éloquente et magnétique, délivre une prestation tout en nuances. Jamais son jeu ne bascule dans l'outrance, jamais les vibrations de sa voix n'apparaissent forcées. Le choix d'une adaptation entre interprétation dramatisée et lecture dramatique est un compromis qui tient en haleine et porte l'émotion. Cet entre-deux judicieux se retrouve dans la mise en scène, qui met en tension le réalisme des costumes - notamment les robes de Mrs C., véritables obstacles aux déplacements de l'actrice - et l'abstraction du décor - le casino est suggéré par un petit dispositif de chiffres et lumières.
La présence de Mona Lou, violoncelliste à l'habit de servante, permet quelques accents vocaux, gestuels et musicaux qui surgissent le plus souvent de façon opportune. Les mélodies de Bartok, Vivaldi et Bach donnent le sentiment d'une deuxième voix, qui viendrait nourrir la langue de Zweig, la sublimer, tout en prenant soin de ne pas l'assourdir. Un spectacle harmonieux, accord de la pudeur et de la confession, qu'on respecte pour sa poésie.
Steven Petitpas [evene]
Mon avis :
Un de ces théâtres minuscules esséminés partout dans Paris. Je ne le connaissais pas.
Un très beau texte, servi par une actrice émouvante, naturelle, tout en pudeur et sentiments retenus, s'appliquant à expliquer pourquoi sa vie est marquée à jamais par cette journée inattendue...